top of page
Marianne Chouteau

Accompagnement sur la question du "Gouvernement des conduites et des nudges"


Pour la Direction de la Prospective et du Dialogue Public du Grand Lyon, 2015

Le changement climatique, l'augmentation des déchets ménagers et industriels, la pénurie des ressources énergétiques sont aujourd'hui des contraintes incontournables à prendre en compte pour penser l'organisation des sociétés contemporaines. Depuis de nombreuses années, les instances gouvernementales de la majorité des pays mettent en place des politiques environnementales afin de rendre notre développement durable. Jusqu'alors, ces politiques ont reposé sur des réglementations strictes – par exemple, la Directive DEEE (déchets, équipements électriques et électroniques) qui vise à une meilleure gestion de ce type de déchets ou la Directive cadre eau qui établit une politique globale au sein de la communauté européenne dans le domaine de l'eau – ; une adaptation des infrastructures – comme la mise à disposition dans le champ de la mobilité de dispositifs favorisant les transports en commun ou le partage (vélos en libre service, réseau de voitures électriques, etc. ; – et des campagnes de sensibilisation comme celles portant sur le tri des déchets. On se souvient entre autres de la campagne publicitaire visant à inciter les ménages à recycler leurs ampoules usagées précisément dans des dispositifs prévus à cet effet en grande surface par exemple. Or, force est de constater que, seules, ces politiques ne peuvent atteindre leur but et ne parviennent que très partiellement à faire évoluer le comportement des citoyens.

Aux États-Unis, dans les années 2008-2010, les chercheurs Richard Thaler et Cass Sunstein, respectivement économiste à la Chicago University et professeur de droit à Harvard, inventent un nouveau concept économique qu'ils nomment « le paternalisme libertarien ». Basé sur l'idée que l'être humain ne fait pas de choix rationnels basés uniquement sur la valeur économique des choses, cette théorie propose de mettre en place des dispositifs d'aide à la prise de décision, nommés les nudges. Ces derniers, appelés « coup de pouce » en français, s'appuient sur les biais cognitifs que les individus développent lorsqu'ils doivent faire des choix. Le fonctionnement des nudges s'appuie sur l'idée qu'il n'est pas nécessaire de contraindre mais qu'il faut impulser des changements de comportements. Ils ont la vertu de les modifier pour les rendre plus vertueux : meilleurs pour la santé, pour l'environnement, pour l'économie, etc.

Au fil des années, cette théorie s'est peu à peu popularisée et ce, notamment dans les pays anglo-saxons et de façon plus ponctuelle en France. Si les nudges ouvrent des perspectives nouvelles, ils posent aussi de nombreuses questions quant à leur articulation avec la mise en œuvre des politiques publiques.

La synthèse proposée ici s'attache donc dans une première partie à présenter le concept du « paternalisme libertarien » ainsi que les formes que peuvent prendre les nudges. Dans une deuxième partie, les champs d'application (notamment les nudges verts avec des exemples concrets) et quelques éléments de bilan (freins limites) seront ainsi exposés.

bottom of page